samedi 29 août 2015

Le Passage du Diable

Auteur: Anne Fine
Titre VO: The Devil Walks
Traduction: Dominique Kugler
Édition: L'école des Loisirs
Collection: Médium poche
Parution: 8 avril 2015
Pages: 220 pages
Prix: 7.80 Euros

Quatrième de couverture:

Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère - qui l'a gardé reclus, à l'écart du monde extérieur, et qui n'a cessé de lui répéter qu'il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer.
Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l'emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu'il tenait pour vrai jusque-là n'était qu'un tissu d'histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de Quoi ?
De sa vie d'avant Daniel n'y gardé qu'une maison de poupée. Et pas n'importe quelle maison de poupée: c'est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu'à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?

Mon avis:

Voilà un livre qui a attisé ma curiosité de par son titre et sa couverture sombre et énigmatique. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas intéressée à ce genre de littérature, alors je me suis dit, pourquoi pas.
Je vous invite à m'accompagner dans l'atmosphère mystérieuse du Passage du Diable.

L'ambiance qui se dégage du livre est assez pesante dès les premières pages. Daniel Cunningham relate un épisode de sa vie pour le moins marquant. Alors qu'il a toujours vécu claustré entre les murs de sa maison avec pour seule compagnie sa mère, des livres et une magnifique maison de poupée, il est un jour libéré par le médecin du village suite à la découverte de son existence par une voisine un peu trop curieuse. Séparé de sa mère, internée en hôpital psychiatrique, Daniel est pris en charge par la famille du docteur Marlow. Il apprend à reprendre possession de son corps et se socialise sans trop de difficultés. Au cours de ses nombreuses séances de jeux avec sa maison de poupée, en compagnie de Sophie, benjamine de sa famille d'accueil, d'étranges évènements commencent à se produire.

Suite à de nombreuses recherches qui s'avèrent fructueuses, Daniel part rejoindre son oncle, demi-frère de sa mère. À son arrivée, pour le moins incongrue, il reste interdit devant cette demeure, réalisant que la maison de poupée en est la réplique exacte, jusque dans les moindre détails. Durant son séjour, de sombres secrets de famille se dévoilent, certaines vérités ressortent et la tension devient de plus en plus oppressante.
Qui est réellement cet oncle étrange et sinistre ? Que renferme vraiment le passé dramatique de cette famille ? Quels troublants secrets sa défunte mère a emporté avec elle dans la tombe ? Que va t-il advenir de Daniel ?

Ce roman m'a fait penser aux romans gothiques et aux romans noirs des XVIII ème et XIX ème siècles.
Aucun indice temporel ne nous est communiqué. C'est grâce à certains détails et certaines déductions que j'ai pu replacer l'histoire dans son contexte, à savoir selon moi, au XIX ème siècle.
Daniel n'est, en mon sens, pas assez crédible. J'eus l'impression que sa situation lui semblait plutôt normale, alors qu'il a passé toute sa vie enfermé, reclus de la société, se croyant malade. Il ne paraît presque pas perturbé d'être séparé de sa mère, juste légèrement inquiet de temps en temps, ni même traumatisé en découvrant la vérité.
Par contre, nous ressentons bien le caractère machiavélique et démoniaque de l'oncle de Daniel; tellement bien que son attitude et ses intentions en deviennent prévisibles.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Sophie, jeune fille pleine de vie, un peu trop loquace, un peu coquine mais avec un grand cœur.

C'est le gros reproche que je peux faire à ce livre. D'une manière générale, l'auteur reste trop en surface, ne travaille pas assez ses personnages, ne maîtrise pas entièrement leurs émotions. Ce qui est vraiment dommage car le suspens et l'horreur sont bien là. Par contre l'écriture est fluide et immersive. J'arrivais à visualiser entièrement ma lecture, les lieux, l'atmosphère, les protagonistes.
Je n'ose pas trop creuser mon ressenti de peur de vous en dévoiler un peu trop. En fait, je fus tiraillée entre des passages vraiment prenants et d'autres complètement superflus. L'histoire n'est pas tout à fait aboutie.

Je ne peux pas dire que c'est un mauvais livre car ce ne serait pas justifié. Je pense que c'est un très bon livre introductif au roman noir, au roman d'horreur et à la littérature fantastique. Le problème c'est que je ne fais pas partie du lectorat visé, étant légèrement trop âgée. Je pense qu'il offrira une bonne dose de suspens, d'angoisse et de frissons aux jeunes lecteurs avant qu'ils puissent se lancer dans des œuvres comme Le Tour d’Écrou d'Henry James (que je conseille à 100% si vous aimez les histoires de fantômes), Le Moine de Matthew Lewis, la bibliographie d'Ann Radcliffe, pionnière du roman gothique et bien d'autres encore.

samedi 22 août 2015

Calpurnia

Auteur: Jacqueline Kelly
Titre VO: The Evolution of Calpurnia Tate
Traduction: Diane Ménard
Édition: L'école des loisirs
Collection: Médium poche
Parution: 4 mars 2015
Pages: 495 pages
Prix: 8.80 Euros


Quatrième de couverture:

Calpurnia Tate a onze ans. Dans la chaleur de l'été, elle s'interroge sur le comportement des animaux autour d'elle. Elle étudie les sauterelles, les lucioles, les fourmis, les opossums. Aidée de son grand-père, un naturaliste fantasque et imprévisible, elle note dans son carnet d'observation tout ce qu'elle voit et se pose mille questions. Pourquoi, par exemple, les chiens ont-ils des sourcils? Comment se fait-il que les grandes sauterelles soient jaunes, et les petites, vertes? On est dans le comté de Caldwell, aux Texas, en 1899. Tout en développant son esprit scientifique, Calpurnia partage avec son grand-père les enthousiasmes et les doutes quant à ses découvertes, elle affirme sa personnalité au milieu de ses six frères et se conforte aux difficultés d'être une jeune fille à l'aube du XXème siècle. Apprendre la cuisine, la couture et les bonnes manières, comme il se doit, ou se laisser porter par sa curiosité insatiable? Et si la science pouvait ouvrir un chemin vers la liberté?


Mon avis:

Comment vous dire à quel point ce roman m'a fait vibrer? Comment trouver les bons mots pour vous exprimer toute la beauté et la richesse que renferment ces pages? Ce livre est un vrai petit bijou et mon cœur s'emballe encore rien que d'y penser.
C'est le genre d'histoire qui vous enveloppe de douceur, qui vous transporte à mille lieux de votre quotidien. Elle fait partie de ces récits que vous souhaiteriez ne jamais voir se terminer.

Calpurnia Virginia Tate est l'unique figure féminine d'une fratrie de 7 enfants. Elle a 11 ans et vit avec sa famille, cultivatrice de coton et de Pacaniers au Texas.
L'été 1899 est particulièrement caniculaire. Callie observe la vie qui grouille autour d'elle; les insectes, les animaux, la nature. Elle commence à s'interroger sur les différences entre les espèces, sur leurs particularités, sur l'évolution de la vie...Personne ne peux l'aider à répondre à certains de ses questionnements. Si, pardon, une personne, mais tellement mystérieuse, intimidante, fantasque et singulière! Son grand-père. Prenant son courage à deux mains, elle décide d'affronter ses craintes et d'approcher cet homme bourru qui,  malgré le fait de partager son quotidien, lui est totalement inconnu.
A partir de ce moment, la vie de notre petite héroïne va être complètement bouleversée. 

En parallèle, l'évolution du monde est en marche. L'entrée dans un nouveau siècle se prépare. C'est l'époque où le chemin de fer étend son immense toile jusque dans les coins les plus reculés, où l'automobile devient un objet de convoitise, où le téléphone révolutionne la communication, où le Coca-Cola commence à entreprendre sa conquête des territoires.
Prise entre un monde imprégné de traditions et un monde qui tend vers la modernité, Calpurnia désire plus que tout devenir naturaliste. Malheureusement, elle se voit contrainte à être destinée à se parfaire dans les arts ménagers qu'elle exècre plus que tout.
Au grand dam de sa mère, Calpurnia s'entête, son esprit s'affine; elle découvre Darwin, les œuvres de Dickens ou encore de Melville. Sa curiosité devient plus pressante. Arrivera-t-elle à convaincre et imposer sa volonté à force d'acharnement ?

J'ai adoré chaque personnage de ce récit. Tous, sans exception, m'ont rempli le cœur.
Je fut complètement immergée dans cette histoire, j'avais vraiment l'impression de faire partie de cette famille, ô combien attachante! C'est marrant, mais dès que j'ouvrais ce livre, j'avais la sensation d'entendre les stridulations des grillons et des criquets. Vous savez, quand tout est calme, que la chaleur est harassante et que vous êtes posés là, au milieu de la nature, en complète harmonie avec ce qui vous entoure.
C'est un livre intelligent, drôle, émouvant, dans lequel l'auteur aborde aussi bien des points d'Histoire, de Science, d’Éducation, de Féminisme, de Respect et j'en passe. Il nous amène à la curiosité, à vouloir creuser plus loin les thèmes abordés. Et tout est fait d'une manière si délicate!
Ce livre, je le conseille à tous, aussi bien petits et grands. Il fait partie de ces récits que vous gardez bien précieusement dans votre bibliothèque car vous allez le lire et le relire, vous voudrez le partager et le faire découvrir à ceux qui vous entourent.

A ma plus grande joie, j'ai découvert que les aventures de Calpurnia ne s'arrêtent pas là. Un second livre est déjà sorti en VO. J'attends son arrivée chez nous avec grande impatience!

samedi 8 août 2015

Une place à prendre

Auteur: J.K. Rowling
Titre VO: The Casual Vacancy
Traduction:
Édition: Le Livre de Poche
Parution: 2 octobre 2013
Pages: 792 pages
Prix: 8.60 Euros

Quatrième de couverture:

Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique.
Un notable meurt. Sa place est à prendre...
Comédie de moeurs, tragédie teintée d'humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce formidable roman confirme le talent d'un écrivain prodige.





Mon avis:

J'ai très longtemps hésité à me lancer dans ce roman car, comment dire...étant une inconditionnelle amoureuse (comme la moitié de la planète et de l'univers même, je pense) de la saga Harry Potter, j'appréhendais énormément d'être déçue par ce que pouvait nous proposer J.K. Rowling dans un tout autre registre. D'autant plus que les avis sont vraiment partagés. Attention, roulement de tambour....Tada! Je fais partie du clan "Pour" ! Oui, cent fois oui! Je n'irais pas jusqu'à dire que ma lecture fut un coup de cœur, parce que deux ou trois petites choses m'ont dérangée, mais sincèrement ce premier roman adulte est E.X.C.E.L.L.E.N.T. !

Barry Fairbrother, membre illustre du Conseil Paroissial de la petite commune du sud de l'Angleterre de Pagford décède d'une rupture d'anévrisme. Ce malheur engendre une myriade d'évènements concernant son héritage politique et déchaîne les passions quant à la place qu'il laisse vacante. La communauté se divise essentiellement autour d'un combat qui lui tenait particulièrement à cœur, l'avenir d'un quartier défavorisé pris en étau entre deux localités qui ne veulent pas ou plus en assumer la charge. Les détracteurs du défunt s'en donnent à cœur joie pour tenter d'anéantir tout ce pour quoi il s'est battu tout au long son existence. La conquête du pouvoir est lancée.

Nous suivons la vie de plusieurs familles, toutes plus différentes les unes que les autres. Nous nous incrustons dans l'intimité la plus profonde, voir la plus perfide de ces êtres qui, pour un œil non averti, constituent la communauté d'une localité presque idyllique. Nous grattons à l'extrême cette fange humaine afin d'en extraire l'épaisse couche de crasse, le grotesque, l'hypocrisie et le désarroi qui caractérisent cette satyre sociale moderne terriblement acérée.

Personne n'est exempté. Tous sont ébranlés, écorchés, bafoués voir humiliés. Nous fréquentons des âmes crues, viles, souvent dénuées de conscience, tout en gardant une notion de relativité pour certaines. Et croyez-moi, les plus jeunes ne nous laissent pas en reste. D'aucuns parviennent à s'en sortir et apprennent de leurs erreurs alors que d'autres sombrent dans la déchéance la plus totale. Parfois le destin s'acharne, parfois il devient clément. Mais une chose est sûre, pas un n'en ressort entièrement indemne.

Je suis en totale admiration devant la capacité de J.K. Rowling à nous immerger de cette manière dans son univers. Je ne sais pas quel est son secret pour réussir à quasiment nous faire palper ses mots, à nous engloutir entre les pages de ses récrits.

Mais, comme énoncé en introduction, il y a tout de même deux petites choses que je reproche à ce livre. Premièrement, je fus perdue au début par le flux important de personnages. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour savoir qui était qui, comprendre les liens entre chacun.
Seconde chose, je trouve vraiment que trop de vulgarité et de grossièreté ressortent des dialogues. Sincèrement, pour certaines, je pouvais comprendre, mais je n'imagine pas autant de personnes avoir un vocabulaire de charretier aussi conséquent. Je ne pense pas que cela aurait amenuisé la force du récit si le langage usité avait été plus modéré dans certains cas.

Cette lecture n'en reste pas moins, bien au contraire, captivante. Même si j'ai réussi à trouver qu'un seul protagoniste plutôt sympathique, Kay Bawden, les autres ayant été pour moi absolument abjectes ou m'ont laissée indifférente, l'épilogue m'a fait pleurer (en plus j'étais dans un train...Vive les lunettes de soleil, elles peuvent vous épargner des situations bien délicates !). J.K. Rowling montre, une fois de plus, l'étendue de son talent et ce, quel que soit le style littéraire choisi. J'ai actuellement dans ma pile à lire le premier tome de ses romans policiers L'appel du Coucou qu'il me tarde vraiment de découvrir. Affaire à suivre...